USA-Chine Querelle de titans

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USA-Chine Querelle de titans

Nous n’irons plus sur la lune, a annoncé le président Barack Obama en présentant devant le Congrès un projet de budget pour période de vaches maigres. Trop coûteux. Et le prochain homme qui ira sur la lune sera probablement chinois. Signe des temps.

Un nouvel ordre mondial est en train de naître sous nos yeux. Et l’actuelle querelle entre la Chine et les Etats-Unis en est probablement la démonstration. Dans cette phase de transition, chacun entend encore montrer ses muscles. Les Américains pour prouver qu’ils ne sont pas sur le déclin et ne vont pas laisser Pékin leur dicter leur politique. La Chine pour bien faire comprendre qu’elle est devenue une grande puissance et que les Etats-Unis ont besoin d’elle. Jamais elle ne s’est montrée si sûre d’elle-même.

La dernière fois que Washington avait vendu des armes à Taïwan, la province rebelle aux yeux des Chinois, Pékin s’était contenté de protester. Cette fois, l’annonce par le Pentagone d’un contrat de vente d’armes à l’île anti-communiste de 6,4 milliards de dollars a donné lieu à des menaces de la part de Pékin. La Chine a gelé sa coopération militaire avec les Etats-Unis et envisage de prendre des sanctions économiques contre des entreprises américaines, telles Boeing. Du jamais vu.

Ce bras de fer sino-américain est vieux de quelques mois. Le malentendu était flagrant dès la visite à Pékin, en novembre, du président américain qui avait dû se plier à diverses exigences chinoises. Puis ce fut l’intransigeance montrée par les Chinois à l’occasion de la conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique. Pékin n’avait pas alors montré le moindre empressement à trouver un terrain d’entente avec les Américains. Le chef de la Maison-Blanche s’en serait senti humilié.

C’était trop, explique-t-on à Washington. Aussi, alors que la querelle entre la Chine et Google, le géant informatique, était devenue une affaire d’état, Hillary Clinton avait pris partie pour Google au nom de la liberté d’expression. Les Chinois y avaient vu, eux, une nouvelle croisade américaine. La semaine passée enfin, c’est le jour même où le Pentagone annonçait la nouvelle vente d’armes à Taïwan, que la secrétaire d’Etat reprochait explicitement aux dirigeants chinois de ne pas faire preuve de fermeté vis-à-vis de l’Iran en refusant de voter de nouvelles sanctions au Conseil de sécurité. La Chine ne tient pas à fâcher l’un de ses principaux fournisseurs de pétrole et de gaz. Le 2 février enfin, Pékin faisait savoir qu’une rencontre entre Barack Obama et le Dalaï Lama lors de la venue de ce dernier à Washington, à la mi-février, «minerait sérieusement les fondations des relations bilatérales entre la Chine et les Etats-Unis.»

Est-ce le début d’une vraie crise entre les deux géants de la planète ? On peut le craindre. D’autant plus qu’aucun des deux ne peut envisager de baisser pavillon. Seul signe d’espoir : leur grande interdépendance économique et financière. Les Etats-Unis ont besoin de la Chine qui possède d’énormes liquidités financières et reste leur premier prêteur. Ils veulent aussi obtenir qu’elle ne s’oppose pas aux sanctions contre l’Iran. La Chine a aussi besoin de Washington. Elle a, certes, surmonté la crise économique plus vite que les Américains et les Européens. Mais c’est aussi grâce à l’Occident, ses entreprises et ses marchés qu’elle a bâti son essor actuel.

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