Copenhague, the show must go on

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Le réchauffement climatique donne la fièvre à ceux qui en débattent. Avant le sommet de Copenhague, les écologistes prophétisaient un Big bang climatique, une nouvelle gouvernance globale. Ni plus, ni moins, la fin d’un monde. Pendant le sommet, les Ong ont transformé la capitale danoise en scène de théâtre, avec défilé de people et quinze jours d’happening militants autour du Bella Center. La «révolution verte» se mettait en scène. Après Copenhague, le chœur des pleureuses prend le relais. La même passion, version amère. Toujours des superlatifs : les commentateurs évoquent un désastre, un fiasco, une trahison, un échec calamiteux… Le goût de la catastrophe semble chevillé au cœur des verts. Il est bien tôt pour dresser un bilan. Pour savoir si Copenhague est le début de quelque chose ou la fin d’une illusion. Pour distinguer si la Chine et les Etats-Unis qui étaient restés en marge du protocole de Kyoto ont signé in extremis à Copenhague un accord (non contraignant, sans force juridique) parce qu’ils ont commencé à s’impliquer dans la lutte contre le réchauffement ou au contraire, pour mieux s’affranchir de toute contrainte environnementale. On sera fixé aux prochains rounds, à Berlin l’été prochain, à Mexico dans un an. On verra alors si on passe des principes à la réalité. En attendant, on peut quand même tirer quelques leçons de ce sommet mondial sans précédent. D’abord, jamais autant de nations ne s’étaient retrouvées pour négocier. Quelle pagaille ! Quelle inertie ! La méthode onusienne a montré ses limites : on attend toujours que l’organisation mette un papier sur la table et tente d’obtenir un consensus à 192… Il fallait toute l’ivresse des médias pour imaginer qu’autant de chefs d’Etat réunis dans une enceinte puissent mouliner autre chose que des généralités. La presse a une âme de midinette. En Scandinavie, en décembre, elle attendait le Père Noël : normal. Barack Obama l’a beaucoup déçu. Il est passé comme une étoile filante et s’arrange de demi-victoires. Sur la réforme de la santé comme sur le climat, il voit les verres à moitié plein et il s’en contente. Il est prudent. Neuf mois à marchander avec le Congrès l’ont purgé des envolées de sa campagne. A Copenhague, il est finalement tombé d’accord avec la Chine et leur compromis a entraîné les principaux pays émergents, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du sud. C’est l’alliance contre nature des pays les plus polluants et les moins désireux de gêner leur croissance économique en limitant cette pollution. Après la fracture Est/Ouest, puis l’affrontement Nord/Sud, émerge ainsi une nouvelle géographie qui semble opposer les Nouveaux mondes et le Vieux monde. Car l’Europe est sans aucun doute la grande perdante du sommet qu’elle accueillait sur son sol. Elle croyait parler le langage de la raison et prétendait le faire au nom des générations futures. Mais ce qu’elle avait à dire n’intéressait pas les grandes économies du monde. L’Amérique baillait en montrant sa mauvaise humeur, la Chine braillait en montrant ses muscles, chacune surveillant l’autre et s’en méfiant. Devant autant de mauvaise volonté, l’Europe s’est retrouvée impuissante. Depuis, elle se sent en marge. Elle s’interroge. A force de se faire peur, de s’abandonner à la haine de soi et de cultiver le principe de précaution, est-ce qu’elle n’aurait pas perdu un peu de sa vitalité en route ? Idée funeste aussitôt balayée. L’Europe est apparue comme une donneuse de leçons. Elle risque bien de s’entêter, comme le font souvent les vieilles personnes. Le projet d’imposer une taxe carbone à ses frontières comme l’y autorise le rapport de l’OMC de la fin juin a de bonnes chances d’être relancé.

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