« Une vie à t’attendre »: une passion inachevée

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« Une vie à t’attendre »: une passion inachevée

La passion ne se commande pas, et la frustration peut la nourrir. « Une vie à t’attendre », qui sort mercredi sur les écrans français, raconte l’itinéraire d’un homme et d’une femme qui se sont quittés trop brusquement douze ans plus tôt, et dont les retrouvailles viennent bouleverser la vie qu’ils se sont construite, bon gré mal gré, sans rien oublier du passé. Une belle histoire emmenée par un trio d’acteurs très attachants.

Alex (Patrick Bruel) a succédé à sa mère à la tête du restaurant familial qu’il dirige avec son frère, Julien (Michaël Cohen), et Camille (Anouk Grinberg), sa meilleure amie, à Paris. Il envisage de faire sa vie avec Claire (Géraldine Pailhas), même s’il habite encore avec son jeune frère, dont il s’occupe sans doute un peu trop, peut-être pour combler un manque.

Mais cet équilibre, qui semble solide aux yeux de ses proches, bascule le jour où il revoit Jeanne (Nathalie Baye), son premier amour. Une foule de souvenirs défile alors dans sa tête. Il y a douze ans, Jeanne, avec qui il vivait une relation passionnelle, est partie soudainement sans laisser d’adresse. Alex ne l’a jamais oubliée. Il a fantasmé sur elle, il l’a idéalisée. Il a fini par s’en remettre, et par refaire sa vie, parce qu’il n’avait pas d’autre choix. Mais il est resté frustré de ne pas pouvoir aller au bout de leur histoire, quelle qu’en soit l’issue. Et, sans rancune, il est prêt à tout remettre en cause pour ne pas laisser passer une deuxième chance.

Alors, il revoit Jeanne qui est de passage à Paris pour rendre visite à sa mère, avant de partir à New York pour rejoindre son mari. Et ils renouent une relation passionnée, différente de la précédente parce qu’ils ont plus de maturité, mais attisée par les souvenirs qu’ils ont ressassés pendant cette longue séparation. Et cette fois, c’est Jeanne qui est prête à tout quitter pour vivre avec lui.

Mais Alex est écartelée entre Jeanne et Claire, surtout quand il apprend que celle-ci est enceinte. Il va alors devoir faire face à un choix, parce que les deux femmes ne sont pas prêtes à s’accommoder de cette situation…

Thierry Klifa, journaliste pendant une dizaine d’années à « Studio Magazine », avait déjà tourné un court métrage en 2001: « Emilie est partie ». Il concrétise un rêve en réalisant ce premier long métrage. « Le journalisme m’a permis non seulement de voir énormément de films, de rencontrer beaucoup de ceux que j’admirais, mais aussi et surtout de me familiariser avec l’ambiance des tournages », raconte-t-il. « J’ai compris qu’inconsciemment, j’avais beaucoup appris en observant les autres au travail ».

Avec l’envie d’écrire un film pour Patrick Bruel, il a travaillé avec Chistopher Thompson sur l’écriture du scénario, avant de troquer sa plume pour une caméra. Il s’est également entouré de trois belles actrices, parfaites dans leurs rôles respectifs: Nathalie Baye, heureuse de pouvoir jouer une amoureuse, Géraldine Pailhas, solide malgré l’arrivée de sa rivale inconnue, et Anouk Grinberg, l’amie fidèle qui devine les sentiments d’Alex et voudrait le protéger.

D’autres personnages viennent habilement compléter la distribution et explorer d’autres relations: « frère-frère » entre Julien et Alex, et « mère-fille » entre Emilie (Danielle Darrieux) et Jeanne. Sans oublier un ancien amant de Jeanne, Simon (François Berléand), qui nous gratifie d’une scène facétieuse.

Quant à Patrick Bruel, s’il n’a pas la fougue d’un héros hollywoodien, il n’en est que plus proche du commun des mortels, de leurs incertitudes, de leurs doutes et de leurs rêves. Et, avec les autres comédiens, il nous entraîne dans un univers qui pourra, de près ou de loin, sembler familier à chacun. Un beau premier film.

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