Randy Weston, pour qui le piano est un instrument de percussion, ouvrira le bal de la 5e édition de «Jazz in riads», rebaptisé «Fès jazz festival», le 14 novembre. L’appellation exotique cède la place à une dénomination qui sied mieux à un évènement susceptible de s’ouvrir et de grandir. La présence sur la même affiche aux côtés de Weston –l’un des derniers masters de jazz encore en vie- du vibraphoniste Mike Mainieri apportera un nouvel élan au «petit festival qui monte, qui monte». Et nous voilà ravis de ce changement, de cette évolution. Rassurés aussi de savoir que les spectacles quitteront progressivement les murs qui les contenaient jusque-là pour investir d’autres lieux et la rue (hors défilé) à terme. La ville se sentira moins snobée, plus concernée et pourra réellement vivre au rythme du festival. Contrairement à son aîné, guindé et hors de prix. Le programme cette année ne manquera pas non plus de spiritualité dont Randy Weston est l’un des porte-drapeaux. Au Maroc, il le prouve depuis son premier séjour en 1967 à Tanger où il rencontre Abdallah Boukhair El Gourd qui l’initie à la philosophie gnaouie. Le jazz orientalisant et visionnaire du Tunisien Anouar Brahem enrichira l’aspect fusion que revendique le Fès jazz festival. Pour relever ce goût prononcé de l’évasion les explorations pointues de Mike Mainieri (on lui doit de fines compositions comme «Beyrut» et «Sara’s touch») et la touche latino de l’ensemble Piena Libre. On est toutefois tenté d’affirmer que Fès gagnerait mieux son pari en canalisant davantage ses choix. Après tout, le bébé n’a que cinq ans et sa croissance a encore besoin d’assistance.