Il s’appelait Chems, et il était beau. Comme le Soleil. Il s’appelait Chems et hier, il s’est couché. Comme le Soleil. Mais, si le Soleil va sûrement se lever demain, Chems, lui, ne se lèvera pas. Chems ne se lèvera plus jamais. Chems est parti. Brusquement. Tragiquement. Stupidement. Le destin est parfois imprévisible, souvent terrible, mais toujours injuste. Destin, je te déteste ! Chems était un grand artiste. Un grand danseur. Comme son père, comme sa mère, comme son frère. Chems était, aussi, un grand acteur. Il a joué dans plusieurs films, dont celui de son père qu’il adore. Et puis, il y a quelques semaines, il avait été choisi pour jouer le rôle principal dans un grand film international. On lui a confié – curieux destin – le rôle d’un grand homme et d’un grand voyageur : Ibn Batouta. C’était son dernier rôle, et, aussi, son dernier voyage.
Mais, Chems ne le savait pas encore. Ou peut-être si. Car, en plein tournage, il avait envoyé à ses parents une magnifique photo en personnage d’Ibn Batouta, plus vrai que nature. Il était, sur cette photo comme dans la vie, beau comme un ange. Au dos de la photo, il avait griffonné ces mots superbement éblouissants, mais terriblement prémonitoires : «Toute cette innocence ne serait rien sans votre existence. Je mourrai pour vous». Et il avait signé (avec un petit dessin de soleil souriant) : Chems petit soleil. Ce film sortira le 12 décembre prochain. Sans Chems. Ce jour là, le ciel sera sans doute gris, puisque c’est l’hiver. Mais, tous ceux et celles qui l’ont aimé, tous ceux et celles qu’il a aimés, seront, eux, radieux.
Parce que Chems, de là où il sera, de là où il est déjà, continuera de nous éclairer, de nous illuminer, de rayonner sur nos cœurs. Lahcen, Michèle, Kaiss, je vous jure sur ma vie que Chems Zinoun n’est pas mort. Parce que les étoiles, même éteintes, continuent de briller. ?ternellement.