Entretien: « Exporter n’est pas une affaire de gouvernement. »

L’Observateur du Maroc Le déficit commercial s’aggrave depuis 2003. Pourquoi devient-il subitement inquiétant ?

Abdellatif Maazouz. Il faut dire qu’il a toujours été inquiétant ; c’est juste que la situation actuelle est plus délicate. Sur le plan international, si le Maroc continue à subir le marché en termes d’importation, des déséquilibres sur l’ensemble des comptes extérieurs surviendront. Il est donc plus que temps de se pencher sérieusement sur le déficit commercial. D’autre part, avec ou sans déficit commercial, la principale préoccupation demeure la croissance économique, elle-même tirée par la demande. Cette dernière profitant beaucoup plus au marché extérieur qu’au marché intérieur. Et au lieu d’amplifier notre croissance, elle amplifie celle de nos partenaires et du coup aggrave notre déficit commercial. Le risque est de passer à côté d’opportunités intéressantes pour notre marché interne sachant que le Maroc est engagé dans un vaste chantier d’investissement en infrastructures et en modernisation du tissu économique avec en prime le développement du niveau de vie de la population.

En dépit de plusieurs efforts, l’offre exportable marocaine est restée limitée…

Exporter n’est pas affaire du gouvernement. Elle est plutôt celle des entreprises. Le gouvernement met en place une stratégie pour faciliter la tâche aux entreprises avec des plans sectoriels et la conclusion des accords de libre échange avec des pays tiers. Ces accords concernent un marché de un milliard de consommateurs. Une nouvelle stratégie d’exportation et de ciblage des marchés se prépare actuellement afin de donner plus de visibilité aux entreprises dans leurs quête des marchés externes et aussi pour qu’elles n’aillent pas en ordre dispersé.

Votre département a commandité une étude pour repositionner l’offre Maroc…

L’étude suit son cours. Elle a démarré depuis un mois et ses conclusions seront communiquées en temps opportun. Cette étude porte sur plusieurs secteurs d’activité et différents marchés. L’objectif étant de se doter d’une espèce de feuille de route, selon les priorités pour le Gouvernement sur le couple produit-marché. Par rapport à l’offre exportable, qui existe ou qui est en cours de développement, une prospection rapide est fortement recommandée.

Certains opérateurs marocains estiment que les ALE signés par le Maroc ont beaucoup plus profité aux pays tiers. Qu’en pensez-vous ?

C’est une lecture de la conséquence et non de la politique. Les gens en font une lecture comptable. Ces ALE ont ouvert un marché d’un milliard de consommateurs à toute entreprise implantée au Maroc, bien que les opérateurs marocains n’en ont pas, encore, directement, profité. En tout cas, ce n’est pas parce qu’un pays enregistre un déficit que l’ALE est mauvais. Je peux être déficitaire sur un marché donné et excédentaire sur un autre. Je peux aussi importer de chez X je transforme chez moi et j’importe sur Y et c’est là justement toute la signification de faire du Maroc une plate-forme d’investissement et d’exportation. Avec l’ouverture de notre économie, les volumes des investissements qui montent en puissance donneront les résultats escomptés. Entre les ONG marocaine et européennes. L’échec est dû à 3 facteurs: la crise du Moyen-Orient, l’absence d’une coopération Sud-Sud et l’inégalité institutionnelle entre le Nord et le Sud. Aujourd’hui, l’UPM propose la redynamisation des échanges dans le cadre d’une politique de voisinage bénéfique et plus efficace.