La lettre de Barack Obama au roi Mohammed VI a déjà suscité plusieurs commentaires. Pour notre part, nous enregistrons d’abord le fait qu’elle contient un soutien clair à la mission actuelle de Christopher Ross. Elle reprend pratiquement les termes des dernières résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara en parlant de «solution équitable acceptable par toutes les parties». Cela conforte la position du Maroc et sa proposition d’une solution définitive dans le cadre d’une autonomie élargie. Par ailleurs, la même lettre appelle le Maroc à jouer un rôle dans la résolution du conflit du Proche-Orient et à tenter de rapprocher les points de vue.
Les commentaires ont vite fait de rapprocher les deux idées et d’en faire une sorte de deal : l’appui sur la question du Sahara contre un retour actif de Rabat dans le processus de paix israélo-arabe.
Si les relations internationales c’est effectivement du donnant-donnant, les fameux intérêts bien compris prenant souvent le pas sur les valeurs, cela ne se passe pas de manière publique, par une lettre officielle.Mais la question du rôle du Maroc dans le processus au Proche-Orient mérite d’être posée. Rabat a été au centre de toutes les approches et du processus qui a mené aux accords d’Oslo, de manière secrète puis déclarée. SM le Roi, Président du comité Al Qods, a préféré limiter ses contacts à la partie arabe, parfois de manière forte et critique.
Cette position a ses raisons objectives. Le processus de paix n’avait plus d’existence réelle, Israël refusant tout pas en avant et sapant tous les efforts par une politique agressive. Dès lors, tout engagement en faveur de la paix relevait plus de la déclaration de principes que de l’action réelle. Aujourd’hui, la nouvelle administration américaine entend, en tout cas déclare vouloir, relancer le processus dans le cadre du principe de «deux peuples, deux Etats». Il est clair que le Maroc, pour de multiples raisons, a un rôle à jouer, un rang à assumer, sur la base de la proposition arabe de paix, bien évidement. Tout dépendra des avancées réelles vers la paix dans cette région.